Le 01 Décembre 2006
Intervention de la défenseure sahraouie des droits de l´homme Aminatou Haidar à Vienne
Mme la présidente :
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
Permettez-moi tout d’abord de vous exprimer ma grande joie et mon grand bonheur d’être aujourd’hui parmi vous pour célébrer ce grand jour ; la journée mondiale des droits de l’homme ; très chère à l’humanité.
Mais permettez moi aussi de vous exprimer ce sentiment d’angoisse ; de profonde inquiétude et de grande déception qui m’envahit chaque fois que je pense que les principes et les valeurs qui nous réunissent aujourd’hui ici n’ont pas encore vu le jour dans les territoires occupés de mon pays ; le Sahara Occidental ; où le peuple sahraoui mène inlassablement sa lutte pacifique pour devenir maître de son destin ; pour exercer son droit inaliénable à l’autodétermination conformément aux principes de la déclaration universelle des droits de l’homme à la charte des nations unis et aux différents résolutions de l’assemblée générale et du conseil de sécurité .
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
En tant que défenseur de droit de l’homme ; membre du collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme <> et en tant qu’ex-disparu dans les bagnes secrets de l’état Marocaine ; <> et également en tant qu’ex-détenu d’opinion libérée ; il y’a quelques mois seulement ; je saisie cette occasion d’être parmi vous pour vous faire part ; en bref ; de la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental.
1- Sur le plan des droits politiques et des droits civiles :
depuis le 21 Mai 2005 ; le peuple sahraoui dans les territoires occupés du Sahara Occidental mène une série de manifestations pacifique revendiquant son droit à l’autodétermination ; ces manifestations ont été sauvagement réprimées par les autorités sécuritaires et para militaires marocaines créant une situation très dramatique :
* Des centaines de maisons de citoyens sahraouis saccagées leurs meubles détruits.
* Des centaines de personnes sahraouies tabassées en pleine rue où torturées dans les véhicules de la police ; ou encore dans les locaux de la police avant d’être jeter dans les alentours des villes très tard dans la nuit ; déshabillés et laisser à leur sort dans des conditions catastrophiques.
* Le 31 octobre 2005 le martyr HAMDI LAMBARKI a rendu l’âme sous les coûts d’une dizaine de policiers marocaine à la pleine rue.
* Le jeune citoyen sahraoui SALEK ELMAMOUN SAIDI porte toujours les séquelles de brûlures qui lui ont été infligées par ces tortionnaires au commissariat de la police judiciaire ; et à ce jour aucune enquête n’a été ordonnée suite à la plainte déposé par la famille de la victime.
* La répression dans les territoires occupées n’a épargné ni les jeunes ; ni les enfants ni encore les personnes âgés.
* Nos écoles ; collèges et lycées se sont transformés en commissariats ou les élèves y ‘sont arrêtés et torturés et la présence des policiers est quasi permanente dans chaque établissement.
* Les différentes autorités marocaines n’épargnent aujourd’hui aucun effort pour museler le peuple sahraoui et confisquer son droit de s’exprimer librement :
• Les manifestations pacifiques sont interdites.
• La constitution des association des droits de l’homme est également interdite (le cas de l’ASVDH).
* nous vivons depuis plus d’un an et demi aux territoires occupés du Sahara Occidental sous siége militaire, sécuritaire et médiatique : l’accès au territoire est systématiquement interdit aux journalistes indépendants , aux observateurs et associations et ONGs des droits humains et aux commissions ad hoc des institutions marocaines ou internationales .
Ainsi plus d’une vingtaine de délégations de presse, de défenseurs des droits de l’homme ou encore commissions parlementaires ont été soit interdites d’accéder au territoire du Sahara Occidental soit expulser juste après leurs arrivées ; je cite ici à titre d’exemple seulement les cas suivants :
♠ La commission ad hoc du parlement européen (début Octobre 2006).
♠ Plusieurs délégations parlementaires espagnols.
♠ La délégation de la fondation norvégienne RAFTO des droits de l’homme.
♠ Des dizaines de journalistes parmi d’autres : RUDMUND STEINSFAG et ANNE THORID NILSON.
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
La situation des défenseurs sahraouis des droits de l’homme aux territoires occupés du Sahara Occidental est alarmante ; ils font quotidiennement l’objet d’harcèlements et d’intimidations ce qui rend leur tache de répertorier et dénoncer les atteintes aux droits de l’homme dans cette partie du monde très difficile.
Les pratiques utilisées à leurs encontre par les différents services de sécurité marocaines ont pris plusieurs formes parmi elles :
♣ Le gèle des salaires.
♣ Licenciement abusif du travail.
♣ Confiscation des biens.
♣ Confiscation des passeports dans le but de les empêcher de dévoiler les violations graves commises aux territoires occupés du Sahara Occidental.
♣ Arrestation et torture dans des geôles secrètes de l’état marocain.
♣ Emprisonnement dans des conditions inhumaines.
♣ Procès iniques avec des dossiers d’accusations fabriqués par les services de renseignements marocains.
♣ Déportation abusive des défenseurs sahraouis des droits de l’homme aux villes marocaines
♣ atteinte au droit de la libre circulation des défenseurs.
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
Permettez-moi ici de rendre un grand hommage à mes collègues les défenseurs sahraouis des droits de l’homme qui ont défié toutes ces mesures , toutes ces restrictions et qui ont fait de leur devoir et de leurs obligations la dénonciation des atteintes des droits humaines au Sahara Occidental et la promotion de ces droits malgré les risque qu’ils courent en menant cette noble tache .
2- sur le plan des droits économiques et sociales :
Le Sahara Occidental est un territoire non autonome conformément aux dispositions de la loi internationale ; l’exploitation de ses richesses naturelles doit donc bénéficier aux intérêts du peuple sahraoui en premier lieu.
Malheureusement, le peuple sahraoui ne dispose pas aujourd’hui de ces richesses naturelles, la politique exercée par l’état marocaine dans le territoire est basée sur le pillage de ces richesses ce qui constitue une menace très grave à la sécurité alimentaire de notre peuple et par la suit à notre existence même.
Je cite dans ce cadre l’" accord de pêche " passé entre le Maroc et l’Union Européen en 2005 qui autorise la flotte européen à pêcher dans les eaux territoriales du Sahara Occidental moyennant une allocation qui va directement au trésor du Maroc ; et qui va contribuer sans doute à faire durer notre tragédie en renforçant l’appareil répressive marocaine dans notre pays et en accélérant notre marginalisation économique et sociale.
Et avant de clore ce chapitre j’aimerai bien saluer les sociétés pétrolières qui se sont retirer du territoire occupé du Sahara Occidental et ont mi fin à leurs activités d’exploration suite à l’avis juridique de Mr HANS KORRELL le conseiller juridique auprès des Nations Unis délivré le 29 Janvier 2002, saluer aussi et féliciter les Eurodéputés qui ont refusé de signer cet accord illégal
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
Suite aux manifestations pacifiques que connaît les territoires occupés du Sahara Occidental depuis le 21 Mai 2005, nous avons constaté que les autorités marocaines exerce une politique dangereuse qui consiste à encourager l’immigration clandestine des jeunes citoyens sahraouis exploitant leurs conditions de vie très démuni, et ce pour se débarrasser de cette couche sociale qui forme la majorité des manifestants.
Plusieurs ex-détenus ou ex-arrêtés ont été poussés à l’immigration clandestine par les services de sécurité marocaine, sous menace d’arrestations et /ou de torture.
Le résultat de cette politique dangereuse est un nouveau grand drame humain pour le peuple sahraoui : ainsi chaque jour l’océan atlantique rejette les cadavres de jeunes sahraouis et le dernier drame date de la semaine dernière ou plus de 70 jeunes sahraouis ont trouvé la mort aux large de la mer, mais il y en a d’autre qui ne sont pas encore rejetés et leur sort est inconnu ; c’est le cas des 15 jeunes sahraouis qui ont disparu depuis 26 Décembre 2005 leurs familles doutent qu’ils se trouvent aux geôles marocaines .
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
Au moment ou nous nous réunissons ici une trentaine de prisonniers politiques sahraouis parmi eux des défenseurs de droits de l’homme, des ex_disparus et des ex_detenus politiques , sont encore derrière les barreaux dans les prisons du Maroc et à la prison noire de El Aaiun occupé, ils se trouvent dans des conditions incarcérales très déplorables, leur visite n’est pas permise et il sont mal traités ; leurs " crimes" c’est qu’ils ont participé à des manifestations pacifiques revendiquant le droit à l’autodétermination pour le peuple sahraoui ,pour les uns et à cause de leurs activités en tant que défenseurs des droits de l’homme .
Ces prisonniers politiques ont besoin aujourd’hui de notre appui, de notre solidarité pour qu’il recouvre leur liberté immédiate car il n’ont fait qu’exercer un droit sacrée que tous les lois du monde leurs garantissent à savoir celui de la liberté d’expression.
Mobilisons-nous donc pour leur liberté immédiate.
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
En commémorant avec vous cet événement historique qui est la Journée Mondiale des droits de l’homme, je ne laisse pas cette occasion sans penser à ceux et celles qui nous ont quitté malgré eux ; ceux et celles que l’appareil de répression marocaine à enlever dans les année 70, 80 et 90 au Sahara Occidental et qui voyagent toujours contre leurs grés dans l’univers de la tyrannie des geôles secrètes du Royaume Marocaine.
En effet le problème des disparus sahraouis continue toujours à faire une de nos principales préoccupations en tant que défenseurs des droits de l’homme et il est temps que le Maroc dévoile le sort de ces 500 disparus sahraouis et dise la vérité pour mettre fin à une tragédie des famille qui n’a que trop duré.
Je confirme ici que ni l’approche complice de la pseudo I .E.R. ni les tentatives d’acheter le silence des familles des disparus ne nous décourageront ; et nous continuons à lutter jusqu'à ce que la vérité totale sur le sort de ces disparus soit connue.
Conclusion
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
Une commission du haut commissariat des droits de l’homme a visité le territoire du Sahara Occidental entre le 17 et le 19 Mai 2006 pour enquêter sur l’état des droits de l’homme.
Cette commission a rédigé un rapport très important qui ressort avec la conclusion suivante : Toutes les atteintes des droits de l’homme au Sahara Occidental sont liées étroitement au fait du non respect du droits du peuple sahraoui à l’autodétermination.
De ma part je confirme cette conclusion et je dis que la garantie et la promotion des droits de l’homme dans mon pays le Sahara Occidental passe nécessairement par le respect du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et ce par un referendum juste et libre sous les auspices des Nations Unis.
Mesdames, mesdemoiselles et Messieurs :
Merci pour votre attention.